Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/57

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gnonnes ou plus délicates que les autres, lui faisaient, disait-il, toujours de pareilles scènes. Qu’on ne m’en amène plus, ajoutait-il, je ne puis souffrir ces prudes qui s’évanouissent de douleur, pour une chose qui ferait accourir les autres, et il disparut, laissant des ordres, pour qu’on l’avertit dès que ma santé serait meilleure.

On prétend que c’est dans l’excès de l’infortune, que le génie trouve les plus sûres ressources contre le sort qui nous tourmente, je m’y confiai, et n’eus pas à m’en repentir.

Dolcini, c’était le nom du chirurgien qui me soignait, était un homme d’environ trente ans, d’une belle figure et d’un caractère doux et honnête ; sitôt que je crus m’apercevoir que son ame s’ouvrait en ma faveur, que non-seulement il plaignait ma situation, mais qu’il s’attendrissait même sur les maux qui devaient suivre mon rétablissement, je lui peignis ma reconnaissance avec des termes si vifs, que les expressions pénétrant son cœur, finirent bientôt par l’embrâser… Dolcini devint amoureux. —