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Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/590

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de mon début dans cette ville, et que mes talens naissans y seraient soutenus ; je parus donc pour la première fois dans Iphigénie de Racine, et dans Lucinde, de l’Oracle. Mais je tremblai tellement, que sans les puissantes étaies que m’avaient procuré monsieur et madame de Bersac, peut-être eussé-je quitté les planches dès le premier jour que je m’avisais d’y monter. Le lendemain, encouragée par mes amis, je parus avec beaucoup plus de hardiesse dans la Junie, de Brittannicus et dans Zénéide, je fus extrêmement applaudie ; le troisième jour je jouai Rosalie dans Mélanide, et Betti dans la jeune indienne, cela fut encore mieux ; le quatrième jour enfin on m’abandonna à moi-même, et la Sophie du père de famille devint mon chef-d’œuvre. Mon succès se décida dès-lors, et reprenant mes premiers débuts, joints à de nouveaux rôles que j’étudiais chaque jour, j’occupai la scène près de deux mois à Bayonne, avec les applaudissemens généraux. Le jour où je