Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/60

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— Je ne vois qu’une chose, c’est de profiter de votre maladie même, pour réussir à nous évader. — Et de quel secours prétendez-vous donc qu’un tel accident puisse nous être ? — Écoutez-moi, et surtout ne vous effrayez pas du moyen, il est affreux sans doute, mais c’est le seul possible au milieu de tout ce qui nous environne. — Expliquez-vous. — Nous allons changer les nouvelles de votre état, et les simptômes de votre maladie, je vais dire que vous êtes dans le plus grand danger, je vais vous supposer à l’agonie, peu-à-peu vous empirerez… Vous aurez enfin l’air de mourir ; moi seul recevrai votre dernier soupir. Je suis bien sûr que votre ravisseur ne laissera pénétrer ici, ni d’autres gens de l’art que moi, ni de prêtres pour vous exhorter : nous n’aurons plus que votre garde à éblouir… Nous ne l’éloignerons pas… mais nous la tromperons ; je réponds presque de cette circonstance… Vous, morte, ou du moins crue telle, je serai seul chargé du soin de vous faire