Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/67

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d’être tout-à-fait sûr de moi, me demanda seize heures pour y vaquer, nos montres se réglèrent l’une sur l’autre, on m’emportait à quatre heures du matin le lundi, je devais donc être délivrée le même jour à 8 heures du soir, on compte les minutes dans une telle situation, le fossoyeur qui s’était bien assuré que j’étais en vie, et à qui j’avais fait promettre de me secourir au bout des 16 heures justes, que Dolcini fut ou non de retour, prit une des clefs de la boîte, mon amant l’autre, et ils m’enlevèrent. Le curé, suivant ses ordres, m’attendait sans cérémonie à la porte de l’église, le caveau préparé s’ouvre, on m’y descend, il se referme, et me voilà vivante dans l’abîme des morts.

On avait eu soin de pratiquer de légères ouvertures dans le caveau, qui, communiquant un peu d’air par les trous faits à mon cercueil, me procurait la facilité de respirer, mais en même-tems ils me donnèrent du froid ; et quoique Dolcini m’eût fait prendre un deshabiller, chaud, pas encore rétablie, je me sentis prise