ose un instant disputer sa conquête : il perd la vie en me défendant ; on lui abbat la tête à mes côtés, et nous passons sur le bord africain.
Le vent qui s’opposait à notre retour en Sicile, devenant favorable pour toucher l’Afrique, nous y fumes bientôt. Le Corsaire à qui j’appartenais, espérant de me bien vendre, me donnait le moins de chagrin qu’il lui était possible ; et je reçus de ce bon turc, par intérêt ou par pitié, bien plus de consolation que je n’en devais attendre.
Nous arrivâmes le lendemain de bonne heure à Tripoli ; le Consul de France, qui se trouvait sur le port quand nous débarquâmes, me reconnut sur le champ pour être de sa nation ; il s’informa de mes aventures, me témoigna le désir de m’être utile, et pour m’en convaincre, conclud le marché de ma vente à l’instant avec le corsaire. Vous voilà dégagée, belle Léonore, me dit-il, en venant sur le champ m’offrir la main pour me con-