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Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/75

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duire chez lui : puisse le nouveau sort que je vous offre, vous devenir plus agréable que celui que vous quittez. Hélas ! monsieur, répondis-je, bien humiliée, il ne pouvait en être de plus cruel pour moi que celui auquel votre générosité m’arrache : croyez que ma reconnaissance en doit être éternelle ; il ne tiendra qu’à vous de me le prouver, dit Duval, quand on vous ressemble, et qu’on a une dette de cette nature à acquitter, il n’est pas difficile d’imaginer de quelle manière on doit satisfaire au payement.

Je reconnus bientôt au ton leste de Duval, que si je changeais de maître, que si du sérail d’un turc où j’étais à la veille d’entrer, je passais dans la maison d’un français, ce ne serait pas sur un pied très-différent, et qu’en général dans quelques mains qu’une femme de mon âge vînt à tomber, il y avait toujours à-peu-près les mêmes risques.

Cette réflexion… bien cruelle pour une femme délicate, qui n’aspire qu’à se con-