Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/78

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fondue, et vous venez de me promettre de ne point abuser de vos droits. — Sans doute, reprit impérieusement Duval, en abuser, serait vous traiter en esclave… ; en profiter est vous prier de me donner la main. — Quel subterfuge !… Cruel ! — N’imaginez pas que je change ; je vous laisse y penser. — Et vous jugez si ce dernier propos prononcé du ton d’un homme qui n’avait pas envie d’entendre de nouveaux refus… ; vous jugez, dis-je, et de l’effet qu’il fit sur moi, et de l’affreuse manière dont il me replongea dans toute ma tristesse… Hélas ! me disai-je, douloureusement, peut-être ai-je perdu au change ; peut-être eussai-je obtenu plus de pitié du barbare qui m’avait enlevée. Ô ! malheureuse Léonore, quel sort affreux le ciel te réserve-t-il donc ?

Je déguisai mon trouble, il le fallait ; et toujours d’après mes premiers principes, je me déterminai à me livrer aveuglément à ce danger, pleine d’espoir, d’en trouver bientôt un autre qui m’affranchirait de celui-là.