Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/84

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piquante de nos jours, toutes les passions s’échauffent, s’embrasent, se réunissent dans elle et pour elle seule, on n’existe plus que par elle, on ne desire plus qu’elle ; ah ! mon ami, tu ne sais pas ce que c’est que d’être epoux, il n’est point de liens plus flatteurs, il n’est point de plaisirs qui vaillent ceux de l’hymen, il n’en est pas un seul sur la terre dont les détails soient aussi sensuels, malheur à qui ne les a pas connus, malheur à qui peut en préférer d’une différente espèce ; il aura tout effleuré dans la vie, sans jamais avoir trouvé le bonheur.

Tels étaient les sentimens que Duval exprimait à Dom Gaspard, ce jeune Portugais dont je viens de parler, et qui va bientôt jouer un rôle dans mes aventures ; c’est ainsi qu’en louant l’hymen, Duval s’excusait d’y mêler l’amour ; mais il n’en était encore qu’à l’amour, eût-il pensé de même s’il eut réellement connu les plaisirs qu’il peignait, qui ne connaît pas l’inconstance des hommes !