Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/101

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de ceux qui doivent vous aimer. — Il faut se moquer des sentimens de ceux dont on est obligé de punir les torts. — Ce n’en est pas un d’aimer votre fille. — C’en est un que de la dégoûter de l’époux auquel je la destine. — Ne dût-elle jamais penser à moi, ce serait toujours un service à lui rendre que de l’empêcher de se lier à un libertin. — Ah ! voilà les impressions que vous lui donnez. Tels sont donc les sentimens que vous suggérez à ma femme ? — Il est permis d’éclairer ses amis quand on les voit prêts d’être trompés ; rassurez-vous cependant. Sollicité par d’autres, que votre femme et votre fille, pour éclairer la conduite du monstre avec lequel vous voulez les unir, je l’ai refusé. Mais la Providence a permis que ses écarts se découvrissent naturellement, et vous devriez rougir d’un projet qui vous déshonore. — Monsieur de Valcour ne m’obligez pas à en venir à des extrémités qui me fâcheraient ; agissons plus-tôt par des voies de douceur, tenez (posant alors dix rouleaux sur la table), vous n’êtes pas riche, je le sais, voilà cinq