Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/142

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mettre obstacle à l’établissement que votre époux désire, et là, si votre cœur conserve toujours les mêmes bontés pour moi, vous oserez me nommer, et faire valoir les sentimens d’Aline : ma retenue et ma délicatesse s’opposent à ce que j’appuye davantage sur ce dernier article ; oh ! combien ma cause y sera bien servie, quand c’est vous qui daignerez la défendre.

Au reste, je me soumets à vos conseils, je vais m’isoler absolument, puisque vous le jugez nécessaire, ce sacrifice coûtera bien peu à celui qui ne respire que pour le tendre objet qu’il ne doit plus ni voir ni rencontrer nulle part ; je me priverai du bonheur d’aller prier près d’elle, le Dieu qui peut mettre fin à nos maux, il m’était cependant si doux de m’édifier à ses côtés, lorsque dans la ferveur de ses invocations, je voyais quelquefois ses belles joues se colorer du feu d’une sainte ardeur, que je les voyais s’inonder des larmes de la piété et de la componction, je me disais