Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/162

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m’abandonne pour aller s’unir à la tienne… des instans où je ne respire plus, où il ne reste de mon existence qu’une triste machine, dont tous les ressorts semblent habiter au fond de ton cœur. Ma mère veut me consoler ;… elle veut sécher mes larmes… Hélas ! quelle main en serait plus capable, si mon inquiétude était susceptible de s’adoucir… À peine l’entends-je, à peine la vois-je… elle qui est le plus tendre objet de ma vie… Ô ma chère ame !… ô doux espoir de mes malheureux jours !… Pourquoi ne sont-ils pas tombés sur moi, ces coups cruels qui ont déchiré mon amant ! Je souffrirais bien moins de mes propres maux que des siens… Être éternel,… venge-le,… venge l’amour outragé,… n’importe aux dépens de qui. Ta délicatesse te déguise les véritables auteurs de ce crime ; la mienne, absorbée par tes malheurs, ne me permet pas les mêmes illusions… Je le vois, ce tyran, je le vois armer les mains des scélérats qui t’outragèrent ; eh ! dirige-les vers moi ces fers