Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/201

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

semble que ce nouveau délai s’accorde bien légèrement ; cette tranquillité promise est-elle supposable avec toutes les précautions que l’on prend ? avec les indignités qu’on se permet, et si l’on n’avait pas envie de presser, dresserait-on tant de batteries pour éloigner tous les obstacles ? Ah ! puissent mes pressentimens se trouver faux, mais je frémis en m’éloignant ; je ne puis vous le cacher, et plus mes craintes sont affreuses, plus est violent le désir de vous voir… Si nous allions être trompés tous ! si les odieuses manœuvres de cet homme cruel, allaient m’enlever tout ce que j’idolâtre !… cette funeste idée n’entre dans mon cœur que comme un fer ardent qui le déchire… elle n’y pénètre qu’avec le frisson de la mort… que je vous voye avant… Aline que je vous parle encore une fois de mon amour… content d’être plaint de vous, heureux d’emporter votre cœur… je pourrai mieux du moins supporter votre absence ; c’est avec le sang qui a coulé pour vous, que je trace en pleurant ce désir effréné de mon