Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/202

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ame… si vous me refusez… Aline… je m’éloignerai, il le faut ; mais je ne vous reverrai jamais… Croyez-le, quelque chimérique que vous puissiez trouver cette idée, elle m’absorbe, et je ne puis l’empêcher de naître. En un mot, il faut que je vous voye, le besoin que j’en ai est tel, que pour la première fois de ma vie, je ne sais pas même si je vous obéirois, à supposer que vous me défendissiez votre présence. Oui j’aimerois mieux vous désobéir et vous voir, que de mourir en vous obéissant… Elle m’est chère cette vie cruelle depuis que vous y avez pris tant d’intérêt. Ô mon Aline ! voyez votre amant à vos pieds, implorer en les arrosant de larmes, la grace instante de vous voir une minute, voyez-le palpitant encore sous le fer de l’auteur de vos jours, attendre de cette faveur seule le dédommagement de ses maux… Où voulez-vous que j’aille sans vous avoir vue ? Affaibli par mon désespoir, égaré par mon amour, que deviendrais-je, hélas ! sans le soulagement que j’attends, ou vous