Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/205

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elle que nous devons cette faveur, et l’ame de votre tendre Aline à-la-fois remplie d’amour et de reconnaissance, ne saura dans cet heureux jour à quel sentiment se livrer… Mais mon ami, qu’elle sera courte cette joie,… et que d’affreux tourmens en suivront peut-être la douceur ! Ah ! croyez que cette séparation cruelle m’allarme autant que vous ; je conviens que depuis long-temps nous devions être accoutumés à vivre l’un sans l’autre ; mais nous respirions le même air, nous habitions le même pays ; et quelles affreuses barrières vont maintenant exister entre nous ! Oh ! comment supporter cet éloignement… Plus j’y réfléchis, moins j’imagine le pouvoir ;… Que de choses peuvent arriver pendant une si longue absence ; quoique séparés l’un de l’autre,… quand vous êtes près de moi, je me sens plus de force :… je souffre avec plus de résignation ;… mais à présent qui m’inspirera du courage ? qui deviendra l’ame de ma vie… et le soutien de mes malheurs ? Ô Valcour ! ne me dites pas vos