Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/206

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pressentimens ;… de trop cruels viennent également me déchirer :… éloignons-les,… partez, puisqu’il le faut, partez, bien sûr de mon amour,… je vous suivrai ;… mon cœur volera sur vos traces : mes yeux toujours fixés sur les Alpes, franchiront, comme mes désirs, leurs cimes élancées vers les nues. Quand vous arriverez sur le plus haut de leurs sommets, vous retournerez vos regards sur cette terre où vous aurez laissé votre Aline ; et vous direz, là respirent deux créatures qui m’aiment, qui s’intéressent à moi, qui comptent mes pas et règlent mes journées, qui désirent avec autant d’ardeur que moi, l’instant qui doit me réunir à elles,… l’instant de ce bonheur si doux…

Oh, mon ami ! s’il était écrit dans les cieux que nous ne dussions jamais le goûter, ce bonheur :… si tous nos projets étaient chimériques,… aurions-nous tort de ne fixer en ce cas nos idées, comme je vous l’ai dit quelquefois, que sur cette félicité céleste qui ne peut échapper à la vertu ?