Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/209

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occasionne n’a plus de vengeur à redouter ? Il n’est donc bon à rien, ce systême effrayant et triste ? que dis-je, il est donc dangéreux à toutes les classes d’hommes, fatal à l’oppresseur, sinistre à l’opprimé, le véritable philosophe ne doit regarder le moment où il s’empare des esprits, que comme ces années de désolation, où l’air infecté d’un venin pestilentiel, vient anéantir sourdement les générations sur la terre.

Pardonnerez-vous, mon ami, ce petit moment de raison à votre Aline ? Je crains que vous ne me trouviez sombre… Cette teinte lugubre éclate malgré moi ; elle noircit tout ce que je pense et tout ce que j’imagine ; je crois l’éclaircir un instant, lorsque je vous parle, et sur les traits que ma main trace, le chagrin coule malgré moi ; des larmes viennent effacer mes lignes à mesure que je les écris ;… Qui les fait donc couler ?… pourquoi s’échappent-elles ? ma Mère m’aime,… mon amant m’adore, je touche au moment de le voir,