Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/230

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ce que vous avez de mieux à faire. Je vis alors que ce déguisement, qui n’avait nul danger dans les environs de Vertfeuille, en avait quelqu’un dans une position différente, et sur-tout avec l’impossibilité de se nommer. Je pris donc congé de mon homme et fis encore quatre lieues, m’orientant comme je le pouvais, sans rencontrer personne, lorsque tout-à-coup le temps s’obscurcit. N’appercevant rien aux environs, et voyageant toujours au hazard dans les routes écartées de ce bois, je n’eus d’autre parti à prendre pour découvrir d’un peu loin, que de gravir un arbre, et d’observer de son sommet s’il ne se présentait nul azyle,… Je n’en vis point… Cependant mes forces s’épuisaient,… l’agitation cruelle de mon ame m’empêchait d’éprouver la faim, mais j’étais anéanti de fatigue. Je sentis bien qu’il me devenait impossible d’aller plus loin, et ne voulant point coucher sur la route, je m’enfonçai dans l’épaisseur du bois ;… à peine y suis-je, que la nuit la plus sombre étend ses voiles sur toutes les