Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/231

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parties de la forêt ; peu-à-peu la voûte de l’atmosphère se couvre de nuages qui augmente l’effroi de l’obscurité ; quoique la saison fût peu avancée, des éclairs sillonnans la nue, m’annoncent un orage affreux, les vents sifflent,… leurs prodigieux efforts brisent les arbres autour de moi ;… le feu céleste éclate de toutes parts,… vingt fois il tombe à mes côtés,… vingt fois je me crois assez heureux pour toucher à ma dernière heure, quand tout-à-coup le son d’une infinité de cloches lugubres vient prêter à cette scène douloureuse toute l’horreur dont elle est susceptible. De noires chimères achèvent d’égarer ma raison ;… ce déchaînement de toute la nature,… ce silence épouvantable qui n’est troublé que par le mugissement des airs, par les éclats de la foudre, et par ce bruit majestueux de l’airain, tristement élancé vers le ciel, me fait craindre que je ne sois pas le seul que menace en ce jour la colère de Dieu… Infortuné, m’écriai-je,… elle est morte ; et ces sinistres devoirs, dont les accents plaintifs