Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/249

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trailles plus vives… Nous attendons le médecin ;… mais l’heure du courrier m’obligera de faire partir ma lettre avant que je ne puisse vous mander le résultat de sa visite. On lui a remis tantôt un billet fort tendre de mon père… il vient, dit-il, d’apprendre son état… son inquiétude est extrême ; sans la crainte de déranger les conventions, il volerait à elle… Il lui demande dans ce moment-ci la permission de n’écouter que son cœur ; j’ai répondu, au nom de ma mère, qu’il était le maître de faire ce qu’il voudrait, mais qu’elle supposait son indisposition trop légère pour que cela valût la peine de lui faire faire un voyage.

Ô Valcour ! dans quel trouble est votre Aline ! concevez-vous le tourment qui l’agite… supposez-vous l’état de son ame ? rien ne m’annonce heureusement encore le revers dont je tremble, mais s’il arrivait ce revers effrayant ! si j’allais perdre cette tendre amie !… si la main du ciel allait briser les plus doux nœuds de ma vie ! Vous