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Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/250

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allez me gronder… je le mérite… vous allez me dire que mon imagination toujours sombre, vole au-devant des malheurs et les réalise à plaisir… Eh bien ! pensez ce qu’il vous plaira, mais je ne suis pas à moi en écrivant ces lignes, un frémissement involontaire conduit les mots que ma main grave… il me les dicte ou les suspend… — Mon ami, croyez-vous que je pus survivre à celle dont j’ai reçu le jour ?… Vous qui savez combien je l’aime, le supposez-vous un instant ?… Dès que par cette perte affreuse je perdrais à-la-fois et l’espoir de lui consacrer ma vie, et celui de la passer avec vous… Vous imaginez que… oh ! non, non, soyez sur, je vous en fais ici le serment ; non je ne lui survivrais pas une minute… J’aurais bientôt tranchée le cours d’une vie qui ne m’offrirait plus que des douleurs.

Je suis bien loin de croire… ô mon ami ! qu’il y ait du mal à finir ses jours quand ils ne peuvent servir ni à notre bonheur ni à celui des autres… Ah ! la vie n’est pas un