Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/252

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alors cette ame immortelle ?… Les coups qui la dégagent peuvent-ils donc l’atteindre ? ils désorganisent un peu de matière, dont la forme est égale à la nature ; et qu’importe que les élémens qui nous composent existent de telle ou telle manière, il n’est pas en nous de les détruire, nous n’anéantissons rien en nous donnant la mort, nous ne faisons que varier des modifications, et ce droit qui nous est donné par la nature ne contrarie aucune de ses loix, puisqu’il n’enlève rien à ses bâses… à ces élémens indestructibles qu’elle-même varie chaque jour sous mille formes différentes… Mais supposons un moment que je fusse dans une telle situation, qu’il me devint impossible de vivre sans être cause d’une foule de crimes, et sans pouvoir éviter d’être contrainte à en commettre moi-même ; croyez-vous mon ami que cet état perpétuel de désordre et de désespoir, n’irriterait pas bien plus la divinité que le léger mal que je ferais en me donnant la mort ? Et dans toutes les suppositions possibles…