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Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/253

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un crime, si vous voulez que cela en soit un, n’est-il pas préférable à deux cents ? mais si je n’en fais pas un en me tuant… si je suis fermement convaincue qu’il doit m’être permis de briser mes fers quand ils me gênent, alors l’action qui me soustrait à des millions de crimes certains, n’est-elle pas louable au contraire ? ne me devient-elle pas un titre aux bontés de l’Éternel ? Eh ! notre existence est-elle donc si précieuse, pour qu’une créature de plus ou de moins dans l’univers puisse être regardée comme quelque chose de bien important ! Quoi, ce sera au nom d’un Dieu de paix, qu’un général d’armée pourra sacrifier vingt-mille hommes en un jour ; il reviendra de ce carnage couvert d’honneurs et de lauriers, et ce seront des flétrissures et des opprobres que vous apprêterez au malheureux qui ne faisant tort qu’à lui-même… qui pressé de jouir de la lumière céleste… qui jaloux de quitter promptement le séjour de la fausseté, de l’égoïsme, du libertinage et du crime, aura détruit sa