Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/274

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membres frémissent, peut-être eût-elle succombée en ce fatal instant, si un déluge de larmes ne l’eût soulagée… Bien content de la voir pleurer, je lui tends les bras,… elle s’y jette… Ô mon ami ! me dit-elle, il faut donc qu’elle me soit ravie ? il faut donc que je perde la consolation de mes jours !… l’amie la plus chère de mon cœur,… l’arbitre de ma destinée,… celle que j’adorais,… celle dont la tendresse faisait mon bonheur,… celle que je pouvais conserver encore cinquante ans, et vous voulez que je lui survive !… Ah ! que deviendrai-je sur la terre quand je ne pourrai plus l’y voir ? Non, non, ne veuillez pas un tel sacrifice,… ne l’exigez pas, mon ami, je ne pourrais pas vous le promettre… La voyant plus affligée, sans doute, mais cependant un peu plus raisonnable, je mis en avant les motifs de consolation que pouvaient dicter la sagesse… Tout fut vain,… plus je cherchais à la résigner, mieux elle m’échappait, ce qui semblait devoir la tempérer, la révoltait presqu’aussi-tôt, et