Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/303

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’exigeait la situation, et après avoir donné tout ce qu’il m’était possible à l’affliction de son ame, j’essayai de m’en rendre maître. Un mouvement d’amitié lui échappa… je le saisis… je la pressai dans mes bras, et ses larmes coulèrent… Ô mon amie ! lui dis-je alors… appelez le courage à votre secours… j’ai de nouveaux malheurs à vous apprendre… Elle me fixa avec un air d’effroi, qui me fit trembler… et toutes ses idées se portèrent sur toi. — Ô ciel ! s’écria-t-elle, Valcour est-il avec ma mère, un même coup les a-t-il réuni ? il est heureux dans un tel cas que la personne qu’on veut amener doucement à l’instruction d’une nouvelle affreuse, aille au-delà de la vérité ; je pris une de ses mains, et lui souriant avec amitié : — non, lui dis-je, Valcour se porte à merveille, et je suis bien sûr qu’il n’est occupé que de vous ; mais ce que j’ai à vous dire est peut-être plus cruel encore que ce que vous avez craint… Votre père est ici… il vous emmène dès aujourd’hui, et veut qu’incessamment vous soyez la femme