Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/302

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dont on ne pouvait que rire après… À l’égard des biens, meubles ou immeubles, je n’ai rien à réclamer ici, monsieur, m’avait-il dit, tout est à ma femme, elle a pu faire les dispositions qui lui ont convenues ; mais pour ma fille elle est à moi, vous l’avertirez, je vous prie, qu’il faut qu’elle parte demain sans faute. Je devais donc la préparer.

Pour ne pas troubler sa nuit, que je ne supposais pas déjà fort tranquille, je ne me rendis dans son appartement qu’à la pointe du jour ; elle ne s’était ni deshabillée, ni couchée, ses accès de douleur avaient été cruels, et d’autant plus, sans doute, que son désespoir étoit muet, ses larmes ne pouvant trouver de passage retombaient en gouttes de sang sur son cœur ; elle demandait sans cesse à aller embrasser sa mère, et s’irritait violemment de la résistance qu’on était obligé de lui opposer ; elle revint un peu quand elle me vit. Elle me demanda pourquoi je l’avais laissée seule si long-tems ? Je m’excusai sur les soins