Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/34

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nons à nos vils préjugés, les confondant toujours avec sa voix, nous n’apprendrons jamais à la connaître ; qui sait s’il ne faut pas la dépasser beaucoup pour entendre ce qu’elle veut nous dire. Comprendrez-vous les sons de l’être qui vous parle, si vos mains étouffent son organe ? étudions la nature ; suivons-la jusques dans ses bornes les plus éloignées de nous, travaillons même à les reculer, mais ne lui en prescrivons jamais. Que rien ne la voile à nos regards, que rien ne gêne ses impressions, de quelque sorte qu’elles puissent être, nous devons les respecter toutes ; ce n’est pas à nous qu’il appartient de les analiser ; nous ne sommes faits que pour les suivre ; sachons quelquefois la traiter en coquette, cette nature inintelligible ; osons enfin lui faire outrage pour mieux savoir l’art d’en jouir. — Infortunée, dit madame de Blamont, en se jettant dans les bras de Léonore, cesse d’adopter les erreurs de ceux qui t’ont rendue malheureuse ; ils étaient imbus de ces systêmes, ceux qui t’ont précipité