Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/35

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dans l’abyme en te refusant l’époux que tu chérissais, ces maximes étaient celles des scélérats qui voulurent te vendre au prix de ton honneur, les faibles secours que tu désirais à Lisbonne, elles remplissaient le cœur de ceux qui t’ont traîné dans les cachots de Madrid ; si tu déteste ces monstres, si tu as raison de les haïr, pourquoi veux-tu leur ressembler ? Oh Léonore ! préfère la morale de ceux qui t’aiment, abjure des principes dont les fruits stériles et amers ne nous donnent que d’affreuses jouissances… Peut-être un instant soutenues par le délire… bientôt troublées par le remords… Eh ! quel asyle trouverais-tu sur la terre, si toutes les ames étaient comme celle que tu peins ? ton triste aveuglement sur nos dogmes religieux n’est que la suite de cette perversité qui s’établit insensiblement dans ton cœur ; que le sentiment fasse en toi, ce que n’ose espérer la persuasion. Vois ta malheureuse mère en pleurs, te conjurer d’aimer le bien, parce que ton bonheur en dépend, te supplier