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Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/343

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elle, mais je vois bien que tu ne l’es plus, es-tu déjà vendue à mes tyrans ? sont-ce eux qui t’engagent à me parler ainsi ? suis-je donc déjà seule sur la terre ? suis-je abandonnée ?… suis-je livrée de toutes parts à mes ennemis ? — Oh ciel ! m’écriai-je, en me jettant à ses pieds, ma chère maîtresse peut-elle concevoir un tel soupçon ? moi, vous trahir,… moi, vous abandonner ! Ah comptez sur moi jusqu’à la mort… À ce mot, elle frissonna, elle se leva brusquement, et me dit,… je saurai bientôt si ce que tu m’assures est vrai, et tu verras si le dernier moyen que je me réserve ne me débarrassera pas sûrement de mes persécuteurs ! — Quoi vous espérez de vous sauver ? — Oui, dit-elle, en souriant d’un air que je me suis rappelé depuis, et qui ne me frappa point assez pour lors ; oui, Julie, je me sauverai,… je retournerai dans la maison de ma mère,… il ne sera pas vrai, comme ils l’ont dit, que son sein ne me servira plus d’asyle,… il m’en servira, Julie,… il m’en servira encore,… et ayant fait deux tours dans la