Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/36

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de la laisser jouir de l’espérance de voir prolonger ce bonheur, même au-delà du terme de la vie. Lui ravirais-tu cette consolation ! accablée de ses maux, à la veille peut-être, d’en déposer le poids au fond de son cercueil, veux-tu lui laisser imaginer que la sensibilité ne sera devenue son partage que pour le désespoir de sa triste existence ? qu’une fois dégagée de ses liens, ce sentiment ne lui sera plus permis, ah ! ne m’offre pas un si douloureux avenir ; laisse-moi me consoler de mes peines par la certitude de les voir finir auprès de ce Dieu que j’adore. « Être divin et consolateur, entrouvre cette ame qui se refuse à ta sublimité ; ne la punis pas d’un endurcissement qui n’est dû qu’à son infortune ». Puis la pressant contre son sein, viens ma fille, viens saisir l’idée de cet être suprême dans la tendresse d’une mère qui t’adore ; vois dans son ame épanouie par ta présence, l’image de ce Dieu qui t’appelle ; que ce soit par des sentimens d’amour que ses traits se réalisent à tes