Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/372

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où vous l’enfermâtes ? Elle n’y connut jamais que le désespoir et les pleurs,… elle s’en échappe pour revoler à vous… Peut-être est-ce faiblesse ;… peut-être a-t-elle manqué de courage,… au lieu de se mutiner contre ses chaînes ;… au lieu de se révolter contre son frein, si elle vous eût appelé dans ses tribulations, elle eût peut-être obtenu votre secours,… ne la punissez pas de sa débilité, elle a eu plus d’amour que d’espoir, plus de désir d’être réunie à vous que de forces pour vous implorer… Ce sont les crimes d’une ame tendre, daignez ne pas l’en châtier. Quand vous la créâtes à votre image, le don d’aimer fut la première des vertus que vous imprimâtes en elle ; ne la punissez pas de s’y être livrée ;… ne la condamnez pas à la douleur parce qu’elle en a redouté la sensation, mais faites-là reposer dans la joie, parce qu’elle a désiré de connaître la votre, et qu’elle a voulu franchir avec rapidité le gouffre épais des misères humaines, pour se retrouver plus prompte-