Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/371

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Oui, c’est vous, ô ma mère !… c’est vous qui me conduirez auprès du trône de Dieu,… vous lui direz : « Voilà la victime des hommes, mais son cœur fut toujours votre temple, vous avez voulu qu’elle mourut comme Moïse, votre volonté la transporta sur la montagne[1] et lui fit voir la terre fortunée qu’elle n’habita jamais ; heureuse d’avoir vu finir le flambeau de ses jours presqu’à l’instant où il s’allumait… Ne lui reprochez pas seigneur d’avoir osé l’éteindre,… ne la punissez pas d’avoir brisé les liens d’une vie périssable pour vous demander une vie éternelle, où le bonheur de vous servir sans cesse ne sera plus troublé par ses larmes ».

Oh ! mon Dieu ! cette ame pure, en sortant de vos mains, serait elle souillée pour avoir été quelque temps dans le corps fragile

  1. Allusion à la maison de Colette, située sur une montagne, où Aline vit son amant pour la dernière fois.