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Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/378

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fait éclore dans mon sein, et tes larmes ne coulent aujourd’hui, que sur une maîtresse à peine connue… Qui sait si du desir ardent de te plaire, ne seraient pas née dans moi quelques vertus nouvelles qui t’enchaînant plus fortement encore, t’eussent rendu ma perte plus douloureuse… Ah, mon ami, permets-moi de m’arrêter avec complaisance sur une idée que mon malheur emporte au même instant où la conçoit mon cœur… Si ces gages sacrés, dont je parle fussent venus resserrer nos nœuds, avec quels charmes j’aurais dirigé ces jeunes fruits de ta tendresse et de la mienne ! avec quelle joie j’aurais fait passer dans leurs ames naïves, ce feu divin que j’éprouvais pour toi ! Comme je me serais plue à les voir t’adresser les expressions de mon amour ! eh ! qu’avaient-ils donc de condamnables ces plaisirs doux et purs dont il plut à Dieu de me priver ?… Mais ne scrutons pas ses desseins,… nous n’étions pas nés l’un pour l’autre… Adorons et soumettons-nous.