Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/383

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t’exile ; fais-l’y régner sans cesse, mon ami, j’ai encore assez d’orgueil pour croire qu’elle servira de rempart au vice, et que jamais rien de honteux ne saurait pénétrer au sanctuaire, érigée à cette image chérie. Lorsque le véritable chrétien veut exciter en lui des actes d’amour pour le Dieu qu’il adore, lorsqu’il veut opposer cet amour dont il brûle, à la tentation qui le séduit, il jette ses regards sur l’image souffrante de ce Dieu bon qui s’immolât pour lui… Il se rappelle les douleurs de ce Dieu, il se dit, il est mort pour moi. Si cette pensée ne suffit pas pour contenir ton ame dans la route du bien ; si toute belle qu’elle est, elle ne peut la remplir assez… Tourne tes yeux sur le portrait d’Aline, dis, en le regardant, et celle-là qui m’aimait est morte aussi pour moi, elle s’est immolée pour éviter le crime ; périssons, s’il le faut, mille fois, plutôt que de le commettre. Et avec cette foi, et avec cette force, nous nous reverrons, mon ami, nous revivrons encore dans l’éternité ; unis par