Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/48

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que de sentiment, beaucoup plus de vanité que de sagesse, un amour excessif pour son mari, j’en conviens, des choses au-delà de la force humaine pour se conserver pure à lui… Mais pourquoi faut-il que tout cela soit l’ouvrage de l’orgueil ? Pourquoi n’ai-je rien trouvé quand j’ai voulu sonder ce cœur ? et pourquoi me faut-il désespérer même de voir jamais naître en elle les qualités que je n’y ai pas trouvées. Ô mon ami ! celle qui érige l’insensibilité en systême, l’athéisme en principe, l’indifférence en raisonnement,… pourra peut-être ne se livrer à aucun écart, mais il n’en jaillira jamais une vertu… et si la raison de cette cruelle fille cède à l’exemple,… au feu des passions…, quel précipice alors est ouvert sous ses pas ! comme on est près de faire le mal, quand on ne sent aucun charme à faire le bien ! Les égaremens de l’esprit sont bien moins dangereux que ceux du cœur, l’âge qui calme les uns, agravent presque toujours les autres.