Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/65

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embarrassée : elle ne sait absolument sur quel ton en parler au président : la dernière fois qu’il a été question d’elle entr’eux à Vertfeuille, vous savez que mon père soutint qu’elle n’était pas sa fille ; dans ce temps-là ma mère était loin d’imaginer, que sans le vouloir, il dit aussi-bien la vérité. Maintenant qu’elle est sûre que cette Sophie ne lui appartient point, ne vaut-il pas autant ne rien dire, et laisser soupçonner qu’elle a cru ce que son mari lui disait. L’intérêt qu’elle prend d’ailleurs à cette infortunée, ne peut plus être le même que quand elle la croyait à elle, et elle a celui de deux véritables enfans à ménager, qu’elle ne sacrifiera pas, dit-elle, à celui d’un être qui ne lui tient plus que par les sentimens de la pitié : elle aime donc mieux ne rien dire, et laisser sur le tout son mari dans l’erreur : elle lui cachera toujours le sort de cette fille : elle en prendra le même soin ; n’aura-t-elle pas rempli tous ses devoirs ?