d’autant plus cruelle pour lui que tout le monde
connaît son sincère attachement pour la princesse,
et qu’on doit par conséquent augurer à quel
point doit lui coûter une mesure aussi pénible
pour son cœur que nécessaire au bien de la Saxe.
On se figure aisément l’état du marquis en apprenant cette affreuse nouvelle.
— Vous seul êtes la cause de ce malheur, dit-il à Mersbourg ; vous avez été trompé vous-même, ou vous m’avez trompé dans cette cruelle aventure. Quelle preuve ai-je de la vérité de tout ce que vous m’avez dit ? Par une bien coupable imprudence, vous avez jeté la princesse dans le piège qui vient de l’envelopper, et je soupçonne aujourd’hui jusqu’à vos vues.
— Marquis, répondit Mersbourg, je sais que le malheur rend injuste ; mais ne le soyez pas, je vous prie, jusqu’à ce point à mon égard ! Je suis au fait de tous les secrets du prince : ce n’est point de vous qu’il est jaloux ; un autre a trompé notre confiance ; un autre s’est trouvé au rendez-vous que la princesse vous avait accordé, et cet autre est celui dont vous vîtes l’ombre à votre dernière entrevue. Le coupable est Kaunitz dont la disparition soudaine laisse croire à une vengeance subite exercée sur lui par le prince. Il l’aura fait assassiner, cela paraît positif.