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Page:Sade - Cahiers personnels, Adélaïde de Brunswick, Pauvert, 1966.djvu/177

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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK


il me paraît bien difficile de lui faire agréer un tel parti : son honneur le lui défend et ma probité s’y oppose.

— Il faut lui cacher l’indulgence bien trompeuse peut-être qu’affiche son mari : songez que ses jours y tiennent et que nous ne devons point balancer à lui dissimuler les ordres dont vous êtes chargé.

— Eh bien, d’après vos réflexions, qu’elle-même choisisse une retraite et qu’elle consente à me l’indiquer. Je vais tâcher de concilier ces divers intérêts, poursuivit Mersbourg ; mais quel que soit le succès de nos démarches, ne m’accusez jamais de négliger ce qui vous intéresse.

— Ah ! dit le marquis de Thuringe, je compte trop sur votre amitié pour le craindre.

Frédéric pressant le départ de Mersbourg, les deux amis se séparèrent sans prendre de nouvelles mesures. Le prince ne blâma nullement la conduite de son cousin.

— Thuringe, lui dit-il dès qu’il le vit, j’approuve le motif qui vient de diriger le refus que vous avez fait à Mersbourg. Aucun soupçon sans doute ne plane sur votre tête ; mais des méchants pourraient en former, et votre prudence les dissipe.

— Ce sont ces craintes qui ont dirigé ma conduite. Prince, dit le marquis, me permettez-