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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK

— Mon ami, lui dit-il, mes résolutions vont te surprendre : il ne m’est plus possible d’exister loin de ma femme ; je veux la retrouver, la revoir, à quelque prix que ce puisse être. Prépare-toi à me suivre, mon cher comte : je vais parcourir mes états, l’Allemagne, l’Europe entière, s’il le faut. Je ne veux reparaître à ma cour qu’en y ramenant le respectable objet qu’en écarta mon injustice. Peut-être la trouverons-nous ; mes désirs serviront mes recherches : il ne s’agit que de vouloir ardemment une chose pour qu’elle réussisse. Je laisse ici tous les attributs de ma puissance ; nous voyagerons en simples chevaliers. Je nomme Thuringe à la régence de mes états ; le Ciel l’a pourvu de tous les dons nécessaires à gouverner les hommes. Mais qu’il ignore nos desseins, ou du moins leur but, et nous prendrons avec lui, de notre côté, toutes les mesures nécessaires à ce que rien ne puisse souffrir de mon absence. Pendant ce temps, tranquilles et dégagés d’inquiétude, nous ne nous livrerons qu’à tout ce qui pourra faciliter nos recherches.

Mersbourg avait trop de raisons d’approuver ce projet pour trouver la moindre difficulté à son exécution. Thuringe fut appelé ; Frédéric lui communiqua son voyage, en l’assurant qu’il était impossible de confier provisoirement ses