états en de meilleures mains que les siennes,
Thuringe, par modestie, et peut-être même un
peu plus par intérêt personnel, se défendit longtemps
d’accepter cet honneur. Combien ce
voyage durerait-il ? N’allait-il pas lui-même,
pendant cet intervalle, être plus que jamais
séparé de la princesse ? Qu’arriverait-il si Frédéric
la retrouvait ? Cet époux irrité céderait-il à
l’amour ou à la vengeance ? Et, quel que fût le
parti que le prince prendrait, ne courrait-il pas
le danger de ne jamais revoir celle qu’il aimait ?
Tout cela l’inquiétait bien plus que ne pouvait
le flatter la régence que lui confiait son cousin.
Il résista donc fort longtemps ; et sans la crainte
de voir tomber quelques soupçons sur lui, peut-être
aurait-il décidément refusé ; mais ces nouvelles
réflexions le décidèrent, et dès le lendemain on
partit pour Dresde.
Là, Frédéric, ayant réuni les différents états de ses provinces, leur déclara que sa santé ne lui permettant pas de vaquer aux affaires de la principauté, il en laissait pour quelque temps l’honorable soin au marquis de Thuringe, son parent, souverain lui-même du pays dont il portait le nom ; qu’enfin, après l’avoir suffisamment instruit, il ne doutait pas d’être bien remplacé, et qu’il lui paraissait d’ailleurs que