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Page:Sade - Cahiers personnels, Adélaïde de Brunswick, Pauvert, 1966.djvu/217

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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK

Frédéric, retiré chez lui, ne put s’empêcher de témoigner une vive inquiétude à son ami.

— Tout ce que nous venons de voir est fort extraordinaire, lui dit-il.

— Eh quoi ! monseigneur, répondit Mersbourg croyez-vous donc à ces charlatans qui courent ainsi la Hollande, la Suisse et l’Allemagne pour obtenir quelque argent de ceux qui ont la faiblesse d’être leur dupe ?

— Mais celui-ci n’en a point accepté. Pourquoi voulez-vous, d’ailleurs, que je refuse ma croyance aux gens instruits qui lisent dans l’avenir ? Cette science n’est que conjecturale, je le sais, mais elle a pourtant des principes. Tous les événements futurs de la vie des hommes se rallient essentiellement à ceux qui les ont précédés : étudiez bien ce qu’ils ont fait avant, vous devinerez facilement ce qu’ils doivent faire après. Car rien n’est hasard dans le monde, tout tient à des causes premières dont les effets, ayant été de telle ou telle sorte, donnent presque comme une certitude que les seconds, nés de causes semblables, doivent inévitablement être tels ou tels. Tel effet doit nécessairement se rallier à telle cause, et réversiblement telle cause produira absolument tel effet : comme il est certain qu’un voyageur en parcourant la route A doit indispensablement rencontrer tout