Aller au contenu

Page:Sade - Cahiers personnels, Adélaïde de Brunswick, Pauvert, 1966.djvu/245

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
225
ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK


aux mains de celui qui gouverne : c’est pour la satisfaction générale ; et ne pas faire le bonheur de ces peuples est si voisin du malheur où on les plonge par cette négligence, qu’il faut soigneusement éviter de s’en rendre coupable.

— Allons, dit Frédéric, je poursuivrai encore quelque temps mes recherches, et si je continue d’être malheureux dans mes perquisitions, je retournerai tristement sur un trône qui ne m’offrira plus que des épines. Je ne serai plus élevé au-dessus des mortels que pour contempler un bonheur dont m’auront éloigné mes fautes, et tous les jours de ma vie deviendront des jours de douleur quand je ne verrai plus celle qui les écartait ou qui les partageait.

On se retira. Frédéric fut très étonné de voir les hommages respectueux que lui rendaient la garnison et les domestiques. Il voulut en faire quelques reproches au commandant qui lui dit :

— Monseigneur, je ne puis voir dans vous qu’un souverain, dès que vous n’êtes point mon prisonnier. Je dois des respects à l’un, j’aurais tâché de mériter l’amitié de l’autre… Il est si doux d’être l’ami des malheureux ! Ah ! monseigneur, un sourire de l’être souffrant vaut mieux que toutes les caresses de la fortune !

Nos chevaliers partirent en convenant qu’il