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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK


maintenant quelque regret de ne leur avoir point parlé.

Ils en étaient là, lorsqu’un courrier de Dresde, expédié par le marquis de Thuringe, arriva au Florin d’or, Frédéric ayant toujours eu soin de faire savoir à sa cour où il choisirait ses stations, afin d’être toujours à portée d’apprendre des nouvelles de ses États. Par ce courrier, Thuringe apprenait à son cousin que l’empereur renouvelait ses tentatives sur la Saxe et qu’il marchait avec une armée nombreuse sur Dresde, ce qui obligeait le marquis à faire une levée considérable pour s’opposer à des desseins qui paraissaient très sérieux. Il serait donc, ajoutait-il, très essentiel que vous vinssiez vous mettre à la tête des troupes que je vais lever : cette démarche rigoureuse en imposerait à l’ennemi et plairait fort à la nation.

— Mon prince, dit ici le comte de Mersbourg, vous voilà placé entre l’amour et la gloire : songez que dans un prince saxon, ce dernier sentiment doit étouffer les autres. Ne laissez point planer sur vous le soupçon d’une faiblesse qui vous déshonorerait pour toujours. L’amour peut être le délassement d’un souverain, mais la gloire doit être son unique pensée. La postérité qui vous jugera ne vous pardonnerait pas d’avoir balancé.

Aussi ne le ferai-je point, mon ami, inter-