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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK


exprimer les sentiments passionnés dont je brûle pour vous ?

— Mais il me semble que c’est ce que vous faites, monsieur, lui dit Adélaïde ayant l’air d’ignorer le rang de celui qui lui adressait la parole. Vos procédés me prouvent depuis longtemps cette ardeur inutile et mes réponses auraient dû vous convaincre de l’impossibilité où je suis de vous entendre.

— Sont-ce ici des liens ou des caprices, madame ? répliqua le margrave. Daignez au moins me le faire connaître.

— Vous n’auriez besoin de savoir le motif de mes refus que dans le cas où il vous deviendrait possible de les vaincre ; mais comme ces refus sont indestructibles, que vous importe d’en savoir la cause ?

— Ce serait du moins une consolation.

— Et pourquoi, je vous prie, faut-il que je console quelqu’un des maux qu’il se fait lui-même ? Cette consolation que vous cherchez, votre seul orgueil doit y suppléer : humilié de mes refus, il ne doit plus s’y exposer, et de ce moment réduire au silence tout ce qui ne servirait qu’à engendrer chez moi le renouvellement de ces refus.

— Mais il me semble au moins, madame, que