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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK


la permission de vous voir n’entraîne aucune conséquence et que la satisfaction que je retirerais de cette faveur ne conduirait à aucun des inconvénients que vous paraissez craindre.

— Je vous proteste, monsieur, que je ne redoute rien de cette visite, et l’indifférence de ma réponse doit vous convaincre mieux que tout encore que vous devriez cesser de réclamer cette faveur.

— Eh bien, madame, je hasarderai tout, dit le margrave en se retirant fort piqué…

Et, en effet, trois jours ne se passèrent pas sans que M. de Bade ne se présentât chez Adélaïde.

— Me voilà bien coupable, madame, dit-il en entrant ; je ne devrais pas, d’après vos ordres, me présenter ainsi chez vous.

— Cette visite ne m’importune point, monsieur ; je n’y vois que de l’ennui pour vous et de l’inutilité pour moi.

— Ah ! madame, dit le margrave en se jetant aux pieds d’Adélaïde, je vous conjure de me dire les raisons de vos refus. Est-ce ma fortune qu’il vous faut ? Daignez accepter celle que je possède. Est-ce une souveraineté ? La mienne vous attend.

— Rien de tout cela ne forme mes désirs, monsieur ; les sceptres sont souvent bien à charge, et la fortune qui les accompagne est toujours bien chancelante.