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Page:Sade - Cahiers personnels, Adélaïde de Brunswick, Pauvert, 1966.djvu/273

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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK

— Ma main pourrait-elle vous plaire ? Je vous l’offre.

— Je ne crois pas, par expérience, ces liens fort heureux : d’ailleurs je vis sous le joug et ne puis en prendre de nouveaux.

— Ainsi, madame, dit le margrave en s’asseyant près d’Adélaïde, je dois donc perdre tout espérance ?

— C’est le conseil le plus sage que je puisse vous donner.

— Permettez-moi de le regarder comme le plus cruel.

— Mais ces maux sont occasionnés par vous seul : renoncez à ce qui les constituent ; ils s’évanouiront.

— Le puis-je, grands Dieux ?

— L’homme peut tout ce qu’il veut quand il fait usage de sa force.

— Non, quand la passion qui le domine est plus puissante que sa volonté.

— C’est parce que j’éprouve la même chose, monsieur, que vos offres me sont insupportables… Et, prenant la main du margrave en le reconduisant vers la porte : — Renoncez, je vous le demande avec instance, monsieur, renoncez à des prétentions impossibles, et ne m’obligez pas à fuir les endroits où je pourrais vous rencontrer,