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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK

Quoique cette ville, qui ne datait alors que de trois cents ans fût bien éloignée du degré de splendeur où elle parvint quelques siècles après, elle n’en offrait pas moins alors le coup d’œil le plus pittoresque.

Venise, en y arrivant par le canal, ressemble bien moins à une ville qu’à une flotte en rade au milieu des eaux. Ce fut là où, vers le milieu du VIIe siècle, quelques familles de Padoue, pour éviter les fureurs des Goths qui ravageaient l’Italie, cherchèrent un asile dans les endroits marécageux du golfe Adriatique où se voit aujourd’hui cette singulière cité ; et comme ceux qui formaient cet établissement sortaient de Padoue, les Padouans se crurent en droit de gouverner le chef-lieu de leur émigration. L’une de ces lagunes, nommée Rialto, fut même, par la politique des fondateurs, déclarée libre et indépendante, faveur qui doubla la population et la rendit le refuge de tous ceux qui cherchaient à fuir les cruautés du farouche Attila ; et la liberté du commerce accordée de même aux autres lagunes acheva de rendre florissantes toutes les fondations des Padouans.

Chacune de ces îles eut d’abord un gouverneur particulier. Se confédérant ensuite, elles eurent bientôt secoué la domination de Padoue, comme