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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK


nous vîmes depuis les Anglo-Américains abandonner la mère-patrie : tant il est vrai que les hommes, toujours les mêmes, n’offrent à la postérité qu’une série de mêmes événements.

Les nouveaux Vénitiens cimentèrent leur envahissement et leur ingratitude du crédit des papes et des empereurs, et forts de leur puissance nouvelle, ils érigèrent leurs petits états en république à la tête de laquelle ils placèrent un doge.

Bientôt ces doges, comme ceux qui les avaient nommés, se rendirent despotes et indépendants. Ils se nommèrent des successeurs, étendirent, en un mot, leur autorité, tellement que la république fut obligée de nommer, pour les contenir, un conseil, lequel reçut du sénat le pouvoir de les déposer au besoin et de ne les placer qu’à vie. Enfin ces fiers insulaires obtinrent bientôt la permission de battre monnaie : l’empereur Béranger leur accorda ce droit en 950. Un manteau d’or qu’ils devaient annuellement à ce souverain d’Italie fut le tribut qui devait acquitter ce droit ; mais ils surent bientôt s’y soustraire. Ce fut enfin au milieu du Xe siècle que les doges prirent le titre de duc de Dalmatie, et, peu à peu, la grandeur de ce nouvel État s’accrut au point que les mers étaient déjà couvertes de ses vaisseaux, lorsque les autres nations de l’Europe, et