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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK


chez les Padouans : peut-être, morte ou vive, y retrouveras-tu ton épouse.

À ces mots, l’ombre fuit, l’orage se dissipe, et le prince, effrayé de ce qu’il vient d’entendre, se presse machinalement de rejoindre ceux que doit inquiéter son absence ; mais il déguise son aventure.

— Je suis plus décidé que jamais à partir pour Venise, leur dit-il ; j’ai quelques pressentiments d’y revoir ce que j’aime, et je veux y réussir ou mourir.


Cependant Adélaïde, n’osant point encore retourner en Saxe, où l’appelaient impérieusement et son amour et son devoir, avant d’avoir sur sa patrie quelques nouvelles plus rassurantes, Adélaïde, disons-nous, crut pouvoir, ainsi qu’on l’a vu, dissiper un peu ses ennuis et ses inquiétudes dans une ville où tout semblait offrir des calmants à ses maux. Bianchi l’avait conduite dans les meilleures maisons, mais comme simple particulière, ainsi qu’elle l’avait désiré.

Chez un peuple aussi galant que les Vénitiens, avec une taille et une figure aussi séduisantes, il était difficile que la princesse ne courût pas quelques dangers, et les ennemis qui la poursuivaient ne manquèrent pas de lui en susciter là comme ailleurs.