société ; et, en conséquence, très peu de jours
après son arrivée, elle fut conduite par Bianchi
dans la maison du sénateur Antoine Contarino,
neveu du doge de ce nom, qui régissait, pour lors,
la République de Venise.
Ce jeune seigneur, qui n’était pas encore enchaîné par les nœuds de l’hymen, habitait chez sa mère, sœur du doge actuel. Plein d’esprit et doué de toutes les grâces de la nature, Antoine ne manqua pas de faire connaître à la princesse les sentiments qu’elle lui inspirait, mais contenus néanmoins dans les bornes les plus étroites du devoir et de la décence. Adélaïde, qui sentait le besoin de se conserver une société dont elle était loin de soupçonner les dangers, ne voulut pas rejeter totalement l’hommage du jeune Contarino, persuadée que son expérience et l’amour constant dont elle ne cessait de brûler pour le marquis de Thuringe sauraient la garantir de tout, et elle ne vit que de l’amusement et de la dissipation où des yeux plus clairvoyants que les siens eussent aperçu des inconvénients de plus d’un genre.
Au milieu des plaisirs simples et honnêtes qu’offrait cette maison, la princesse démêla bientôt que des occupations plus sérieuses réunissaient souvent chez le sénateur des personnages importants, dont