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Une fille de seize ans, belle comme le jour, tenait dans ses bras une femme évanouie, d’environ quarante ans, qui paraissait sa mère et qu’elle arrosait des larmes de la plus profonde douleur. Elle jette un cri à la vue de Paul : « Qui que vous soyez, dit-elle, venez-vous aussi pour m’arracher ma mère ?… Ah ! prenez plutôt ma vie, si cela est, mais laissez respirer cette malheureuse. » Et, en disant cela, Annette, se jetant aux pieds de Paul, l’implore en formant de ses bras élevés vers le ciel un rempart entre sa mère et lui.

« En vérité, mon enfant, dit Paul, aussi ému que surpris, voilà des marques de crainte bien déplacées ; j’ignore ce qui vous alarme, mes bonnes amies, mais ce qu’il y a de sûr, c’est que le Ciel vous offre en moi, quelles que puissent être vos peines, bien plutôt un protecteur qu’un ennemi. — Un protecteur, dit Annette, en se relevant et volant à sa mère qui, revenue de